Parfois, lorsque je rentrais de l’école, je n’avais pas envie de faire le tour, de prendre le chemin habituel qui cheminait entre les maisons et contournait la gare. Traverser la gare était toujours plus rapide, mais plus embêtant. Il ne manquait pas d’y avoir beaucoup de monde, des personnes avec leur sac à roulettes qui s’arrêtaient au milieu du chemin pour observer un panneau, des gens qui courraient et manquaient de te renverser en voulant ne pas rater leur train. C’est pour ça que je ne passe par la gare que quand je n’ai pas envie de passer trop de temps.
Je savais qu’il y avait un piano en libre-service. Je ne savais pas en jouer, mais j’aurais bien aimé. De temps à autres, j’en profitais pour m’arrêter un peu et écouter ceux qui jouaient quand il y en avait, ce qui n’arrivait pas tout le temps.
À peine je pénétrai dans la gare que j’entendais la douce mélodie du piano. Je m’intriguais de savoir qui jouait, à quoi ressemblait cette personne, ce pianiste. Je dois dire que la mélodie ne m’enchantait pas particulièrement et lorsque je vis le musicien, je compris pourquoi. Ce n’était pas un musicien, mais une musicienne.
Je n’aime pas ce que font les femmes comme musique. Je n’ai jamais aimé. Mais pourquoi je restais là à l’écouter alors ? Je n’en avais pas la moindre idée. Mais avant que j’ai eu l’occasion de repartir, de continuer mon chemin, des applaudissements retentirent. La demoiselle avait fini de jouer.
Plusieurs personnes la complimentaient. Pourquoi ? Je ne comprenais pas. C’était mauvais. Très mauvais. Il fallait qu’elle le sache. Mais je n’osais pas. Finalement, la foule se dispersa et je m’approchais d’elle. Je n’étais plus l’albinos que j’étais, j’avais repris ma couleur de cheveux de naissance, je n’étais plus reconnaissable, un jeune homme parmi tant d’autre. Je ne la reverrais probablement jamais, je n’avais pas à avoir peur de quoi que ce soit.
Je m’approchais.
« C’était mauvais, tu es vraiment nulle. Aucune personnalité dans ta musique, on dirait que tu veux juste faire en sorte que tout le monde te remarque. Tu devrais arrêter. »
HRP : Pardon pour le retard, je t'avais oubliééé !!